Depuis 2022, les conditions macroéconomiques ont drastiquement affecté le secteur technologique. Une situation qui a entraîné de nombreuses vagues de licenciements. Si plusieurs entreprises ont annoncé un rebond pour 2024, force est de constater que ce début d’année se poursuit sur la même lancée sur le terrain de l’emploi. Des …
Depuis 2022, les conditions macroéconomiques ont drastiquement affecté le secteur technologique. Une situation qui a entraîné de nombreuses vagues de licenciements. Si plusieurs entreprises ont annoncé un rebond pour 2024, force est de constater que ce début d’année se poursuit sur la même lancée sur le terrain de l’emploi.
Des réorientations tactiques
Entre Meta, Amazon, Microsoft et Google, plus de 47 000 salariés ont été licenciés entre la fin 2022 et début 2023. L’hémorragie ne semble pas s’estomper. De Xerox à Unity, dès les premières semaines de janvier, plusieurs acteurs de l’industrie de la tech ont mené de nouvelles réductions d’effectif. Une tendance qui se confirme depuis, avec de nouveaux départs chez Google, Microsoft ou encore Salesforce.
En 2022, les innombrables vagues de départs résultaient d’une situation post-pandémique peu favorable, entre inflation des prix et ralentissement économique. Ces nouvelles initiatives reflètent davantage les orientations stratégiques prises par leurs dirigeants. « Au sens économique du terme, on ne peut pas parler de mauvaise nouvelle, » commente Nosing Doeuk, senior partner dans le cabinet mc2i.
L’analyste prend Microsoft pour exemple. L’année dernière, la firme de Redmond a annoncé la suppression de plus de 11 000 postes. « Avec le recul, cela correspondait simplement à une stratégie de repositionnement sur l’IA au détriment du métavers, » poursuit-il.
Il en va de même pour les start-up. Aujourd’hui, le mot d’ordre n’est plus la valorisation, mais la rentabilité, estime l’expert. Les jeunes pousses aussi se réajustent, en priorisant les partenariats plutôt que les investissements.
Un pivotement majeur vers l’IA
L’avènement de l’intelligence artificielle générative, démocratisée par ChatGPT, est un facteur non négligeable dans les décisions de réorganisation des entreprises, avec une possible volonté de licencier pour réembaucher. « Nous avons vu ça l’année dernière avec Tesla par exemple, Elon Musk donnant un angle stratégique plus fort sur le robot Optimus, » détaille Nosing Doeuk.
Les divisions affectées par les récentes suppressions d’emplois suggèrent une dynamique similaire. Google, par exemple, a directement ciblé son unité chargée des smartphones Pixel, des montres Fitbit et du Google Nest. Son PDG, Sundar Pichai, a d’ailleurs fait savoir que de nouveaux départs étaient à prévoir en 2024, et les justifie par la nécessité de soutenir des investissements ambitieux. Autrement dit : l’IA. Salesforce procède à de nouveaux licenciements, mais mène en amont un vaste plan d’embauche dans le domaine de l’IA.
Ce pivot vers l’IA est particulièrement marqué. « Pour la première fois, la puissance de la technologie est apparue évidente pour le grand public, » continue l’expert.
Symbole d’un repositionnement réussi, Microsoft a vu sa capitalisation boursière rejoindre celle d’Apple au sommet de l’indice boursier, tandis que ses revenus continuent de grimper. La firme investit sans compter dans le secteur, au travers d’OpenAI. Dans le même temps, elle continue de procéder à de nouveaux licenciements, comme dans son unité de jeux vidéo il y a quelques jours.
Les entreprises s’adaptent au « contexte dégradé »
L’après pandémie est encore à prendre en compte. Les acteurs ont embauché pour répondre à la demande exponentielle en 2020 et 2021, et depuis, se réajustent au marché . Ces deux dernières années ont forcé les dirigeants à penser différemment.
À cela s’ajoute un contexte international qui s’est détérioré. Les clients des grandes entreprises se montrent désormais plus prudents. « Nous assistons à une rationalisation des achats. Les entreprises qui fournissent des solutions ou des services doivent être meilleures dans leur offre de valeur, plus efficientes dans ce qu’elles proposent, » analyse Nosing Doeuk.
Elles prennent plus de précautions, non pas parce qu’elles sont dans une situation difficile, mais parce que « le contexte est dégradé ». Il s’agit avant tout de « rationaliser les dépenses pour durer longtemps ». Un discours promu par les dirigeants des géants technologiques, à l’instar d’Andy Jassy ou de Mark Zuckerberg, depuis près d’un an.
Ces réajustements d’effectifs leur permettent de compenser les coûts, afin de se concentrer sur ce qui est considéré comme plus rentable. Une approche payante pour la plupart d’entre eux, avec des bilans trimestriels nettement mis en valeur par les efforts déployés dans l’intelligence artificielle.
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