Les deux usines en cours de construction de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Corp (TSMC) en Arizona s’annoncent comme le symbole de la réussite du Chips Act américain, adopté en août …
Les deux usines en cours de construction de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Corp (TSMC) en Arizona s’annoncent comme le symbole de la réussite du Chips Act américain, adopté en août 2022. En coulisse, les négociations entre TSMC et Washington vont bon train.
TSMC, Samsung et SK Hynix n’approuvent pas certaines conditions du Chips Act
Le 6 décembre, tandis que le président américain Joe Biden visitait le site de TSMC en Arizona, l’entreprise a annoncé son intention d’implanter une seconde usine pour un investissement total porté à 40 milliards de dollars. Selon les informations du Wall Street Journal, en contrepartie de son installation sur le territoire de l’Oncle Sam, le géant des semi-conducteurs espère en récupérer 15 grâce au Chips Act.
L’entreprise compterait bénéficier de crédits d’impôt estimés à hauteur de 7 à 8 milliards de dollars. Elle mise également sur des subventions évaluées à de 6 à 7 milliards de dollars. L’attribution de l’argent de ce fonds, une partie de 53 milliards de dollars du Chips Act, est à la discrétion du département du Commerce.
Les conditions posées par ce dernier font tiquer Mark Liu, président de TSMC. Dans une intervention fin mars, à Taiwan, il expliquait trouver les contreparties américaines déraisonnables, témoignant de négociation en cours. Des points de frictions qui seraient partagés par les Sud-Coréens Samsung et SK Hynix.
Deux points, voulus par Washington, coincent. Le premier est celui d’un partage des profits des usines bénéficiaires du fonds au-dessus de 150 millions de dollars de subvention. TSMC juge l’opération peu intéressante si ses profits sont limités… en plus d’être difficile à mettre en place. Le département du Commerce affirme que ce dispositif vise uniquement des performances exceptionnelles.
Le second objet de la friction, auquel sont particulièrement sensibles les entreprises sud-coréennes, est le partage d’informations sensibles. Les trois entreprises asiatiques étant chacune très performantes dans leurs spécialités, elles n’ont pas envie de livrer leurs secrets commerciaux à Washington. Le département du Commerce assure que ces informations seront protégées et visent seulement à contrôler le respect des clauses du Chips Act.
Des frictions à la gravité relative
La Chine pourrait également devenir, voir déjà être, un point de désaccord. Dès le début, l’administration Biden a corrélé l’obtention de financement avec une baisse des investissements dans l’Empire du Milieu. Les trois entreprises y ont des activités importantes.
Lors de la mise en œuvre de strictes restrictions américaines à l’export vers le pays en octobre, les trois sociétés auraient bénéficié d’une exemption d’un an. Un régime spécial uniquement confirmé par Samsung. Profiter de l’argent du Chips Act pourrait amener Washington à ne pas renouveler cette décision. Un problème d’ici la fin des années 2020 pour entretenir, renouveler, le matériel sur place.
Les dirigeants de TSMC ont à plusieurs reprises répété à quel point l’installation d’une usine aux États-Unis n’était pas intéressante financièrement pour eux. Morris Chang, légendaire fondateur du fondeur taïwanais, avait affirmé qu’une fabrique en Arizona coûtait 50 % plus cher qu’à Taiwan. Une estimation basée sur le coût de construction du site, les salaires, le manque de personnel qualifié…
Selon l’analyse du Wall Street Journal, ces dissensions ne sont pas indépassables. Les États-Unis n’ont pas lancé de plan industriel de cette ampleur depuis des années, les négociations en cours sont inédites, trébucher semble normal.
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