Une visite d’État est souvent l’occasion de signer officiellement de juteux contrats. Le Premier ministre indien Narendra Modi aux États-Unis pour une « visite officielle d’État » n’a pas dérogé à la …
Une visite d’État est souvent l’occasion de signer officiellement de juteux contrats. Le Premier ministre indien Narendra Modi aux États-Unis pour une « visite officielle d’État » n’a pas dérogé à la règle. L’entreprise américaine Micron, spécialisée dans les puces mémoires, a rapporté avoir obtenu le feu vert pour construire une usine sur le Sous-Continent.
L’Inde veut son écosystème de semi-conducteurs en commençant avec Micron
Tout un symbole, c’est dans le Gujarat, État au nord de Bombay, fief du Premier ministre, que Micron a choisi de s’installer. L’investissement total est de 2,75 milliards de dollars, mais Micron n’en déboursera que 825 millions grâce au soutien de l’Inde. 50 % du prix sera assumé par le gouvernement, 20 % par l’État.
L’Inde, comme beaucoup de pays, a réalisé sa forte dépendance dans le secteur des semi-conducteurs. Une dépendance d’autant plus forte que contrairement aux États-Unis, à l’Europe ou au Japon, le pays n’a jamais eu une filière industrielle un minimum développé. Aucune puce n’a été fabriquée en Inde.
Pour combler ce manque de savoir-faire, New Delhi a décidé, en 2022, de débloquer 10 milliards de dollars pour attirer les entreprises étrangères. Sans grand succès. Jusqu’à présent, les quelques annonces, dont un consortium entre Vedanta et Foxconn, traînent en longueur.
De l’aveu même de membres du gouvernement, le pays souffre de son manque d’infrastructures adaptées. La volonté affichée semble toutefois avoir séduit le président de l’entreprise, Sanjay Mehrotra, « Nous sommes ravis des mesures prises par l’Inde pour développer l’écosystème local des semi-conducteurs » s’est-il réjoui dans un communiqué.
Avec l’usine de Micron, l’Inde ne produira pas davantage de puces. L’installation sera consacrée à l’OSAT (Outsourced Semiconductor Assembly and Test), c’est-à-dire à l’assemblage et au test des composants. Une étape en aval de la fabrication, fondamentale, mais nécessitant des compétences techniques moindres.
Un premier pas salué comme il se doit par Shri Ashwini Vaishnaw, ministre du Cabinet de l’Union pour les chemins de fer, les communications, l’électronique et l’informatique, « cet investissement sera un élément essentiel de l’écosystème florissant des semi-conducteurs du pays ». Applied Material, spécialisé dans les outils de fabrication de semi-conducteur, a également annoncé 400 millions de dollars de dépense dans un centre d’ingénierie le 22 juin, le lendemain de la rencontre entre son PDG, Gary Dickerson et Narendra Modi.
La Chine en alliée inattendue !
Autant de bonnes nouvelles pour l’Inde qui peuvent tirer certaines de leurs racines plus profondément. Le pays pourrait avoir, paradoxalement, bénéficié de l’aide involontaire de son voisin et rival, la Chine. Le pays est justement très bien positionné dans l’activité OSAT, mais les tensions avec les États-Unis stressent les entreprises.
Micron a été directement touché. Dans une mesure qui ressemble fortement à de la rétorsion, l’entreprise a été qualifiée de risque pour la sécurité nationale. Les conséquences sont limitées pour son activité, Micron continue d’investir sur place et les négociations avec New Delhi avaient commencé avant ces événements. Il n’empêche, à l’image d’Apple et de ses fournisseurs, de plus en plus de groupes américains ne veulent plus avoir tous leurs œufs dans le même panier chinois. Le panier indien en profite.
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