Ce mardi 19 septembre, l’Office européen des brevets (OEB) a publié une étude sur l’explosion du nombre de dépôts de brevet sur le marché mondial de la fabrication additive, plus …
Ce mardi 19 septembre, l’Office européen des brevets (OEB) a publié une étude sur l’explosion du nombre de dépôts de brevet sur le marché mondial de la fabrication additive, plus connus sous le nom d’impression 3D. L’organisme constate une augmentation annuelle de 26 % entre 2013 et 2020. Les États-Unis et les Européens sont particulièrement en avance dans ce domaine.
L’OEB explique que l’impression 3D n’est plus une technologie de niche. « Tous les organismes comme les universités, les instituts de recherche ou encore les entreprises participent à la recherche et développement sur ce domaine », constate Yann Ménière, chef économiste de l’OEB, auprès de Siècle Digital. D’après lui, cette forte croissance se traduit par un passage des technologies d’impression 3D du laboratoire vers l’application en industrie. « Dans certains secteurs comme l’aéronautique , la santé et l’énergie, l’impression 3D est réellement devenue courante » a-t-il expliqué.
L’Allemagne et la France dominent l’Europe
L’OEB dévoile que depuis 2001 plus de 50 000 familles (un ensemble de brevets déposés auprès d’offices de plusieurs pays pour protéger une invention unique) de brevets internationaux de fabrication additive ont été déposées dans le monde. Les États-Unis occupent la première place avec 39,8 % des demandes, l’Europe est seconde avec 32,9 %, suivi du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud. Ce retard des pays asiatiques a intrigué les chercheurs. Yann Ménière estime que les industries d’extrême orient ont tendance à réaliser de la production de masse à bas coût, soit l’exact inverse de la philosophie de l’impression 3D. Cette technologie permet de produire « de la complexité et de la forte valeur ajoutée sur des petites séries ».
En Europe, l’Allemagne domine nettement, avec 41 % des demandes. La France se place, tout de même, seconde avec 12 %. « Traditionnellement, l’Allemagne et la France sont toujours les leaders sur les demandes de brevet sur le continent (…) Dans la culture germanique, les usines occupent une part considérable du PIB. Par conséquent, cela se reflète dans l’innovation. » a souligné l’économiste.
De son côté, la France est tournée vers le développement de nouveaux procédés, matériaux et équipements. Elle peut notamment s’appuyer sur de grandes entreprises et des instituts de recherche publique comme le CNRS, l’INSERM et le CEA. En 2020, la France comptait 431 familles de brevets internationaux. Le groupe Safran, spécialisé dans l’aéronautique, tire ce nombre vers le haut, 338 à lui seul. L’industriel français a investi massivement en créant un complexe proche de Bordeaux de plus de 12 500 mètres carrés accueillant plusieurs imprimantes 3D.
L’impression 3D est présente sur de nombreux marchés
En plus de l’aéronautique, les demandes de brevets sur le marché de la fabrication additive ont augmenté dans le secteur de la santé. « Le marché de l’impression 3D pour le médical est très vaste. Aujourd’hui, les fabrications les plus courantes sont les implants ou encore les prothèses. Encore à leur début, les organes et les tissus humains imprimés en 3D pourraient exploser à l’avenir » détaille Yann Ménière. Sur ce secteur, l’économiste prévient « L’Europe a du souci à se faire sur la santé, les États-Unis sont vraiment très puissants. Il risque d’y avoir une concurrence rude pour obtenir le leadership. »
L’énergie est également l’un des secteurs utilisant le plus l’impression 3D. Les grandes entreprises fabriquent des turbines pour créer des éoliennes. « Nous avons constaté l’émergence de la demande de brevet pour les biens de consommation ou encore l’alimentation. Les industries agroalimentaires tentent de créer des bonbons, des gâteaux ou encore des steaks hachés imprimés » révèle l’économiste.
L’étude rappelle que le marché de l’impression 3D pourrait dépasser les 50 milliards de dollars d’ici à 2028, contre 18 milliards en 2022, selon les estimations du rapport de Wohlers Associates, référence pour le secteur. Yann Ménière relativise, tout de même, l’impact de celle-ci « L’ensemble de la production mondiale ne basculera pas sur l’impression 3D ! Cette technologie sera utilisée par les industries pour fabriquer des pièces complexes ou sur mesure ». Néanmoins d’après lui, le nombre d’imprimantes 3D chez les particuliers devrait exploser à l’avenir pour créer des jouets ou des objets simples du quotidien.
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