L’Union européenne (UE) a franchi une nouvelle étape avant l’entrée en vigueur de son Chips Act, destiné à booster la production locale de semi-conducteurs.
Le champ d’application du texte élargi
À hauteur de 43 milliards d’euros, cette législation vise à doubler la fabrication de puces électroniques sur le Vieux Continent d’ici à 2030, la faisant passer de 10 à 20 %. Il y a quelques jours, Siècle Digital rapportait que les négociateurs étaient sur le point de s’entendre sur la version finale du texte, c’est désormais chose faite.
We have a Chips Act 🥳
We need #chips to power #digital & #green transitions or #healthcare systems. Lots of promise & a lot of day-to-day convenience.
Today’s #Trilogue agreement boosts 🇪🇺 capacity to produce our own chips. And to be a partner in the global chips #supply #chain pic.twitter.com/G9hukNuQEd— Margrethe Vestager (@vestager) April 18, 2023
Alors que la Commission avait initialement proposé de ne financer que les usines de fabrication de puces de pointe, les gouvernements et les législateurs de l’UE ont élargi le champ d’application pour couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur, y compris les puces plus anciennes et les installations de recherche et de conception, note Reuters. Cela ouvre la voie à ASML, géant néerlandais de l’industrie des semi-conducteurs, pour obtenir des fonds publics.
Annoncé en 2022, le Chips Act européen a été accueilli avec enthousiasme par les fabricants. Ainsi, le géant américain Intel a choisi l’Allemagne pour construire une vaste usine de production de semi-conducteurs. Il prévoit également de fabriquer un centre de recherche en France et d’étendre son usine de conception de puces électroniques en Irlande. En parallèle, l’entreprise franco-italienne STMicroelectronics s’est associée à GlobalFoundries pour implémenter une usine de 6,7 milliards d’euros en France.
De nombreux défis attendent l’UE pour atteindre ses objectifs en matière de semi-conducteurs
Les entreprises qui reçoivent des subventions d’État devront documenter leur politique en matière de protection de la propriété intellectuelle. En outre, elles seront tenues de donner la priorité aux commandes des gouvernements de l’UE en cas d’urgence, une disposition que certains acteurs industriels et politiques ont jugée excessive, selon Bloomberg.
« Dans un contexte géopolitique de réduction des risques, l’Europe prend son destin en main. En maîtrisant les semi-conducteurs les plus avancés, l’UE deviendra une puissance industrielle sur les marchés du futur », écrit Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, sur Twitter.
We have a deal on EU #ChipsAct!🇪🇺
In a geopolitical context of de-risking, Europe is taking its destiny into its own hands.
By mastering the most advanced semiconductors, EU will become an industrial powerhouse in markets of the future.
Congrats @sweden2023eu & @Europarl_EN pic.twitter.com/BX52GXOdws
— Thierry Breton (@ThierryBreton) April 18, 2023
Cependant, certains experts s’inquiètent du fait que les montants investis par l’UE ne sont pas suffisants pour atteindre ses objectifs, d’autant plus que l’industrie devient de plus en plus prudente face à des investissements coûteux en raison de la baisse de la demande et de l’augmentation des prix de l’énergie en Europe.
« Le Chips Act ne peut pas être le seul à favoriser ces investissements. Il nous aidera à atteindre les 20 %, mais nous devons nous assurer que nous faisons toutes les autres choses qui rendent l’UE attrayante », prévient Eva Maydell, principale négociatrice de la législation au Parlement européen. Par ailleurs, le fait de devoir déplacer la chaîne d’approvisionnement soutenant l’industrie des semi-conducteurs vers l’Europe aura un coût élevé, et il est encore difficile de savoir dans quelle mesure cela pourra être effectué.
L’enjeu des semi-conducteurs
Les semi-conducteurs, qui alimentent les appareils électroniques, sont devenus l’une des principales préoccupations des gouvernements pendant le Covid-19, lorsque le marché a subi une vaste pénurie.
Désormais, de nombreux pays, à l’instar de la Chine, des États-Unis, de la Corée du Sud et du Japon, multiplient les efforts pour booster leur production locale. Ces puces sont un enjeu géopolitique majeur, à tel point que les États-Unis enchaînent les réglementations pour empêcher la Chine d’accéder aux technologies permettant de les fabriquer.
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