La Commission européenne a indiqué, mercredi 12 avril, à Broadcom, géant de l’industrie des semi-conducteurs, que le rachat de VMware, leader mondial des logiciels de virtualisation, pourrait restreindre la concurrence sur le marché de certains composants matériels. Le mastodonte informatique peut désormais répondre aux objections et demander une audition.
Un rachat de plus en plus complexe
En mai 2022, Broadcom a annoncé vouloir racheter VMware pour 61 milliards de dollars. Il s’agirait de la deuxième plus importante acquisition dans le secteur de la tech, juste derrière celle d’Activision Blizzard par Microsoft à 69 milliards de dollars.
La Commission européenne a été notifiée de ce rachat en novembre de l’année dernière. Un mois plus tard, l’autorité a décidé d’ouvrir une enquête approfondie. Les régulateurs antitrust européens craignaient que Broadcom entrave le développement des cartes réseau intelligentes par d’autres fournisseurs, regroupe la vente des logiciels de virtualisation de VMware avec ses propres logiciels, cesse de proposer les logiciels de VMware en tant que produit autonome.
Dans sa conclusion préliminaire, la Commission européenne confirme ses craintes après avoir analysé les documents fournis par les parties et recueilli l’avis des utilisateurs. « Broadcom pourrait restreindre la concurrence sur les marchés mondiaux de la fourniture de HBA FC (ndlr : carte permettant de connecter un poste de travail à un réseau de stockage externe) et d’adaptateurs de stockage, évinçant les composants matériels de ses concurrents en retardant ou en détériorant leur accès aux logiciels de virtualisation de serveurs de VMware » déclare dans son communiqué l’autorité.
Géant des semi-conducteurs, Broadcom est le premier fournisseur de HBA FC et d’adaptateurs de stockage. Pour développer ce type de carte informatique, les constructeurs ont besoin d’utiliser des logiciels de virtualisation. VMware étant le principal fournisseur, si Broadcom empêche ses concurrents d’y avoir accès « il pourrait en résulter une hausse des prix, une baisse de la qualité et un ralentissement de l’innovation pour les clients professionnels et, en fin de compte, pour les consommateurs ».
Broadcom a désormais la possibilité de répondre aux objections de la Commission et de demander une audition. Un porte-parole de VMware a déclaré à The Register quelques jours avant la conclusion préliminaire « Nous sommes convaincus que l’accord sera conclu d’ici la fin de l’exercice en cours de l’entreprise (ndlr : le 30 octobre) ». Il a ajouté « Nous continuerons de travailler de manière constructive avec la Commission européenne dans le cadre de son enquête ». L’autorité devra prendre une décision finale pour valider ou non le rachat d’ici le 21 juin prochain.
L’Union européenne n’est pas la seule à enquêter sur ce rachat. La Federal Trade Commission (FTC), l’autorité de la concurrence étasunienne, a lancé une procédure similaire. La Competition and Market Authority (CMA), l’organisme britannique chargé de combattre les pratiques anticoncurrentielles, a aussi émis le mois dernier des réserves concernant les documents commerciaux que pourrait obtenir Broadcom sur ses rivaux. Le régulateur britannique a quant à lui jusqu’au 12 septembre pour rendre sa décision.
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