La nouvelle était attendue : WeWork a révélé le 6 novembre avoir déposé le bilan aux États-Unis et avoir entamé une procédure équivalente au Canada. Les activités françaises et mondiales …
La nouvelle était attendue : WeWork a révélé le 6 novembre avoir déposé le bilan aux États-Unis et avoir entamé une procédure équivalente au Canada. Les activités françaises et mondiales de l’entreprise de coworking sont épargnées. À son apogée, elle était valorisée à 47 milliards de dollars, aujourd’hui elle est estimée à 45 millions de dollars.
Depuis sa naissance en 2010, WeWork a accumulé 16 milliards de dollars de dette et n’a pas connu un seul trimestre bénéficiaire. Elle a perdu 99 % de sa valeur.
En août, ses représentants admettaient à l’occasion de la publication de ses résultats trimestriels, avoir des « doutes substantiels » sur ses capacités de survies. En septembre ils annonçaient la renégociation des baux commerciaux et le retrait de certains espaces. Il y en avait 777 dans 39 pays en début d’années. En octobre l’entreprise n’a pas pu s’acquitter de 95 millions de dollars d’intérêt de dettes arrivé à échéance. En novembre elle a dû se résoudre à se placer « sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine de faillite ».
Depuis un mois des négociations ont été entamées avec les créanciers pour alléger le poids de la dette, notamment avec SoftBank, qui a perdu des milliards dans l’aventure. Un accord de restructuration avec les propriétaires de 92 % de la dette garantie a été dévoilé dans un communiqué. « Au cours de cette période, WeWork continuera à rationaliser son portefeuille de locations de bureaux commerciaux tout en se concentrant sur la continuité des activités », poursuit le texte.
L’activité mondiale du groupe, hors Amérique du Nord, n’est pas impliquée dans la procédure. Les Échos ont reçu la confirmation que la quinzaine d’espaces parisiens de WeWork n’était pas concernée par la réorganisation du groupe. Des négociations sur les loyers sont tout de même engagées.
Le PDG par intérim, récemment titularisé, David Tolley, a voulu afficher sa confiance dans cette période difficile en déclarant que « WeWork dispose de bases solides, d’une entreprise dynamique et d’un avenir radieux ». Co-fondateur et ex-dirigeant de la start-up, Adam Neumann va presque dans le même sens « WeWork n’a pas réussi à tirer parti d’un produit qui est plus pertinent aujourd’hui que jamais. Je pense qu’avec la bonne stratégie et la bonne équipe, une réorganisation permettra à WeWork d’émerger avec succès ».
Comment WeWork s’est brûlé les ailes
Adam Neumann a été écarté en 2019 par le Conseil d’administration, alors que les problèmes du groupe commençaient à se voir. Son comportement, en particulier ses dépenses en événements ou en investissements, a été pointé du doigt. Cette même année, l’introduction en Bourse de la société est repoussée lorsque Wall Street en perçoit les failles, alors que l’entreprise était estimée à 47 milliards de dollars suite à un tour de table mené par Masayoshi Son, patron du conglomérat SoftBank.
Au-delà des soirées réputées de la société, WeWork n’est globalement pas propriétaire de ses espaces, mais locataire. Les baux sont signés pour 10 à 20 ans et pour beaucoup l’ont été à un pic du prix de l’immobilier. En sus, les espaces partagés sont souvent placés dans des localisations très prestigieuses à Manhattan, ou sur les champs Élysée. Les sous-locataires, des start-up, petites entreprises, travailleurs nomades… sont, eux, volages et certains sites ne font pas toujours le plein.
SoftBank, présent chez WeWork depuis 2016, s’est porté au secours de la start-up new-yorkaise en injectant 10 milliards de dollars. Manque de chance, avec l’année 2020 une autre crise attend le groupe de coworking : le Covid. Le chiffre d’affaires annuel sera approximativement égal aux pertes enregistrées, 3,2 milliards de dollars.
La société donnera l’impression d’être en capacité de rebondir après avoir touché le fond. Sandeep Mathrani, professionnel de l’immobilier, arrivé comme PDG quelques semaines avant la pandémie, parvient à réduire les coûts et entrer en Bourse par une voie légèrement détournée en octobre 2021.
Valorisé à 9 milliards de dollars, WeWork a perdu des plumes, mais est bien accueilli par Wall Street dans les premiers jours. Finalement le cours ne cessera de dégringoler, les pertes de s’accumuler au contraire des liquidités.
0 commentaires