Si Microsoft affirme que la croissance est restée modérée lors du premier trimestre 2023, l’entreprise propose en réalité de meilleurs résultats que prévu, notamment portée par le cloud et l’intelligence …
Si Microsoft affirme que la croissance est restée modérée lors du premier trimestre 2023, l’entreprise propose en réalité de meilleurs résultats que prévu, notamment portée par le cloud et l’intelligence artificielle. Dans ces deux secteurs, elle fait mieux que Google qui a dépassé les attentes du marché grâce à un bénéfice net d’une quinzaine de milliards de dollars, et ce malgré les difficultés économiques actuelles.
La faible croissance de Microsoft ne s’appuie pas sur ses secteurs d’activités historiques
Par rapport à l’année dernière, Microsoft a vu son chiffre d’affaires augmenter de 7 %, pour atteindre 52,8 milliards de dollars et un bénéfice net de 18,3 milliards de dollars (+9,4 % en un an). Ces résultats, au-dessus des attentes des analystes, ont permis aux actions de l’entreprise d’atteindre un seuil qu’elles n’avaient plus connu depuis plus de huit mois.
Depuis plusieurs mois, l’entreprise basée à Redmond ne s’appuie pas vraiment sur ses activités historiques. Ses revenus liés à son système d’exploitation Windows ainsi qu’aux jeux vidéo via sa filiale Xbox Game Studio sont clairement en baisse. Le dernier rapport de Canalys a mis en lumière les difficultés du marché du PC, notamment sur le continent européen. Depuis la pandémie du Covid-19 et les confinements successifs, ce secteur a du mal à se relever.
Ces complications se répercutent sur la croissance de Microsoft. Les revenus liés au marché PC ont tout simplement chuté de 30 % lors du premier trimestre 2022, même si Amy Hood, la directrice financière de Microsoft affirme que « la demande de PC était un peu meilleure que prévue ». De la même manière, les revenus liés à la commercialisation des produits Xbox ont également chuté de 30 % puisque l’entreprise précise qu’elle a vendu bien moins de consoles, d’accessoires, et de titres vidéoludiques que durant la période des fêtes.
Par ailleurs, la société affirme qu’elle ne peut pas franchir un cap supplémentaire tant qu’elle n’a pas acquis Activision Blizzard. Cela fait maintenant plus d’un an qu’elle a formulé une offre de 68,7 milliards de dollars pour récupérer le studio de développement. Entre-temps, les régulateurs américains, britanniques et européens ont ouvert des enquêtes pour savoir si cette opération nuirait ou non à la concurrence au sein du marché du jeu vidéo. Si l’Europe ne s’est pas encore prononcée, la CMA s’est pour l’instant opposée au rachat. Un revers sérieux aux espoirs de Microsoft sur la question.
Le cloud et l’intelligence artificielle portent Microsoft
En réalité, si Microsoft est resté dans le vert, c’est tout d’abord grâce à ses activités en lien avec le cloud computing. Avec Azure, la firme de Satya Nadella a trouvé son moteur. L’entreprise a précisé que les revenus de son activité cloud avaient augmenté de 27 % sur le seul trimestre précédent. Des résultats en accord avec les prévisions des analystes. En un an, ce secteur a bondi de 22 % correspondant à 28,5 milliards de dollars, plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise.
Au sein des activités cloud de Microsoft se trouvent également celles en rapport avec l’intelligence artificielle. Le géant technologique a clairement pris l’ascendant dans l’IA générative, notamment grâce au renforcement de son partenariat avec OpenAI. En investissant près de 10 milliards de dollars, Microsoft a obtenu la possibilité d’exploiter ChatGPT, le robot conversationnel basé sur une version améliorée du modèle de langage GPT-3. Grâce à ça, l’entreprise a pu utiliser cet outil afin de doper son moteur de recherche Bing.
À Redmond, une avance certaine a été prise, mais à 1 500 kilomètres de là, du côté de Mountain View, tout est fait pour essayer de rattraper Microsoft. Après avoir été pris de court par OpenAI, Sundar Pichai, le directeur général de Google, a tiré la sonnette d’alarme. Toutes les équipes R&D de l’entreprise ont été mobilisées afin de mettre au point une IA générative compétitive. Après plusieurs semaines de travail, la firme de Mountain View a présenté Apprentice Bard, son robot conversationnel basé sur un modèle de langage qu’elle avait déjà développé un an plus tôt.
Le DG de Google a souligné que « la plupart des organisations réfléchissent à comment utiliser l’IA pour se transformer ». De son côté, Demis Hassabis, le dirigeant de DeepMind, filiale de Google qui vient tout juste de fusionner avec la Brain de sa société mère, affirme dans un tweet « qu’en travaillant avec Google, nous avons ainsi l’opportunité de construire l’IA, et à plus long terme l’IA générale au service de l’humanité ».
Working with all our fantastic colleagues across Google, we have an opportunity to build AI and ultimately AGI to benefit humanity. Looking forward to working with @JeffDean in his new role as Google’s Chief Scientist. And excited for what we create next at Google DeepMind!
— Demis Hassabis (@demishassabis) April 20, 2023
Google ne rassure pas ses investisseurs avec ses résultats du premier trimestre 2023
Alphabet, la maison mère de Google, a réalisé un chiffre d’affaires de près de 70 milliards de dollars au premier trimestre 2023. Elle annonce avoir dégagé un bénéfice net de 15 milliards de dollars, un résultat supérieur aux attentes du marché. Toutefois, Google est dans une position très délicate. Alors qu’elle cherche à défendre son statut dans l’IA, l’entreprise a licencié environ 12 000 employés en janvier dernier, soit 6 % de ses effectifs. De plus, elle a revu à la baisse ses plans immobiliers.
En parallèle, l’activité publicitaire de l’entreprise n’est pas au beau fixe. Les revenus de YouTube ont de nouveau baissé, tandis que les recettes de Google Search n’ont progressé que de 2 %. L’ensemble de ses secteurs historiques doivent faire face à une concurrence plus accrue, une concurrence qu’elle n’a sans doute, jamais connue dans son histoire.
Avec l’avènement de TikTok, le marché de la publicité en ligne a été drastiquement modifié. YouTube a cherché à contre-attaquer avec le lancement de ses Shorts, mais peine à tirer des revenus considérables avec ce nouveau type de vidéos courtes, contrairement au réseau social de ByteDance, précurseur en la matière.
La politique ainsi que le modèle économique publicitaire de l’entreprise de Sundar Pichai pourraient bien être chamboulés dans les prochains mois. Les activités publicitaires du géant technologique sont dans le viseur de l’Union européenne pour abus de position dominante et pratiques antitrust. Enfin l’arrivée du Digital Services Act (DSA) va obliger Google à être plus vigilant. Ce nouveau cadre législatif obligera quatre de ses filiales, à savoir Google Play, Google Maps, Google Search et Google Shopping, à mieux lutter contre les contenus considérés comme dangereux ou illicites.
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