Le pôle numérique commun de l’Arcep et l’Arcom s’est fixé pour mission, depuis 2021, de recouper « les données issues de différentes sources » pour mieux comprendre la façon dont …
Le pôle numérique commun de l’Arcep et l’Arcom s’est fixé pour mission, depuis 2021, de recouper « les données issues de différentes sources » pour mieux comprendre la façon dont les Français intègrent les nouvelles technologies dans leur quotidien. De cet exercice découle le référentiel des usages numériques en France, dont la troisième édition a été publiée le 11 avril dernier. Une manière pour les régulateurs de jouer plusieurs rôles à la fois.
Une quête de savoir
Au travers d’études réalisées par les observatoires de l’Arcep et l’Arcom, mais aussi par certaines entreprises et administrations, les autorités de régulation des télécommunications et de l’audiovisuel cherchent à appréhender une industrie en constante évolution. « Il est essentiel que nous ayons une connaissance fine et globale du secteur du numérique », a confié l’Arcom à Siècle Digital.
Sortir chaque année un référentiel des usages numériques des Français leur permet de « développer une vision globale sur les différentes pratiques numériques ». À travers leur volet 2023 (PDF), l’Arcep et l’Arcom reviennent notamment sur les usages d’Internet par la population française. Elles notaient qu’en 2022, 92 % des 12 ans et plus étaient internautes, là où ce pourcentage s’élevait seulement à 52 % en 2005. Ces derniers s’adonnent principalement au visionnage de vidéos sur le Web : ils consomment 17 500 heures de vidéo en haute définition par seconde.
Dans un même registre, les régulateurs souhaitent emmagasiner le plus de données possible sur les équipements numériques pour « actualiser et compléter les données de référence sur leurs usages et pratiques en France ». En 2022, alors que les appareils numériques sont de plus en plus nombreux au sein des foyers français, le téléviseur restait la star des ménages. « La télévision conserve une place centrale au sein des ménages de par le confort de visionnage qu’elle offre et l’intérêt majeur que suscitent les programmes audiovisuels linéaires et non linéaires », commente l’Arcom. Toutefois, cette dernière perd, chaque année, un peu plus de terrain face aux ordinateurs, aux tablettes et aux smartphones.
Mieux comprendre pour mieux encadrer
Le référentiel des usages numériques en France aide également l’Arcep et l’Arcom à surveiller certaines pratiques pour potentiellement les réguler à l’avenir. Aussi, l’ensemble des informations compilées devrait permettre de « nourrir les analyses des deux autorités et déployer une régulation toujours plus agile et utile aux professionnels comme au grand public », confiait l’Arcom.
Elles gardent un œil sur le développement des contenus audiovisuels illicites, l’un des chevaux de bataille de l’Arcom. En 2022, seuls 23 % et 19 % des consommateurs avaient recours à des pratiques illégales pour visionner du contenu audiovisuel. C’est 6 points de pourcentage de moins qu’en 2021. Une tendance à la baisse motivée par la croissance continue des services de streaming, gagnant du terrain sur la télévision.
L’Arcep, elle, se charge de vérifier l’efficacité du déploiement du réseau de fibre optique et de la 5G au sein de l’Hexagone. L’année dernière, 54 % des abonnements à très haut débit concernaient le réseau fibre. Cette information fait suite à l’intervention de Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications, se réjouissant d’avoir réussi à rendre 80 % des locaux raccordables en fonction des territoires.
Vers une sobriété numérique ?
Enfin, le référentiel permet à l’Arcom et l’Arcep de jouer un rôle de prévention autour de l’impact environnemental du numérique. Bien que la moitié des internautes soit sensibilisée à ces thématiques, elles alertent sur une empreinte carbone qui pourrait tripler d’ici à 2050. « Si le numérique contribue sous bien des aspects à la mise en œuvre de la transition écologique, son développement engendre également des impacts qu’il est important de mieux connaître », faisait remarquer l’Arcep à Siècle Digital. Des inquiétudes déjà partagées début mars dans un rapport conjoint avec l’ADEME, l’agence de la transition écologique.
Pour garantir des usages du numérique plus sobre en carbone et en ressources, le régulateur a identifié plusieurs leviers, évoquant, pour commencer, une campagne de promotion en faveur d’une « sobriété numérique ». De même, allonger la durée de vie des équipements et des terminaux est une piste de solution envisagée. « La mise en œuvre de l’ensemble de ces leviers permettrait de réduire l’empreinte carbone du numérique jusqu’à 16 % d’ici 2030 », assurait l’Arcep.
Au final, si la publication d’une telle étude permet de renseigner la population sur les nombreux usages du numérique, sa réalisation offre aux deux autorités la possibilité d’en apprendre plus sur le secteur afin de mieux l’encadrer. Le référentiel des usages numériques en France doit être reconduit cette année.
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